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Le Musée
Le musée se situe dans un sous-bois pittoresque aux essences variées - pins, chênes, bouleaux, charmes, noisetiers, acacias…- au milieu de chaos de grès. Dans l’esprit des préhistoriens de l’époque, ce site naturel, qui est une extension sud de la forêt de Fontainebleau, évoque les paysages de la fin de la Préhistoire.
Roland Simounet a, avant tout, privilégié l’insertion du bâtiment dans la forêt. Pour cela, il a utilisé la pente naturelle du terrain et adopté le béton brut de décoffrage, dont la texture et la couleur rappellent les grès du parc. Il est ainsi parvenu à créer une continuité entre la construction et le site. Aujourd’hui, le béton patiné se fond avec la végétation qui l’entoure et les rochers millénaires du parc.
L’architecture fait également entrer la forêt dans le musée : des patios arborés prolongent le bois environnant, permettant le dialogue entre les espaces boisés intérieurs et extérieurs. Le jeu des transparences ouvre alors le parcours de visite vers l’extérieur.
« Je crois qu’il faut d’une manière générale respecter le site. Ça ne veut pas dire qu’il faille s’effacer mais tenir compte du relief, de la végétation, d’un certain nombre de choses parmi lesquelles le bâtiment doit prendre sa place. Et, quand l’ensemble est bien réussi, l’architecture apparaît dans toute sa vérité. »
Roland Simounet
La beauté et la cohérence du bâtiment tiennent à l’extrême simplicité du plan au sol : un carré en constitue le module de base. L’impression d’unité est renforcée par l’harmonie des matériaux et des couleurs.
Une seule ouverture dessert le hall d’accueil monumental. De là, une rampe conduit le visiteur vers la salle d’exposition temporaire et les salles d’exposition permanente. Tous les espaces d’exposition sont répartis le long de la pente naturelle du terrain. Ces espaces successifs sont reliés entre eux par des rampes.
La lumière naturelle entre de toutes parts : par les grandes baies des façades, les patios-jardins et les baies vitrées du toit. Le jeu des transparences et de la lumière guident le visiteur d’une salle à une autre, au fil de la journée et des saisons.
Roland Simounet a également dessiné l’ensemble des éléments muséographiques. La muséographie a été voulue la plus discrète possible, laissant toute sa place à l’objet.
Le parcours du musée est chronologique : il commence vers – 500 000 ans avec les premières traces de la présence de l’Homme dans la région et s’achève à la fin de l’époque gauloise. Il se divise en deux parties, de part et d’autre de patios-jardins qui présentent la flore des différentes périodes de la Préhistoire. Ce double parcours repose sur la juxtaposition de salles principales reconstituant le quotidien des populations de la Préhistoire et de salles secondaires, conçues sur le modèle des galeries d’étude et qui montrent des séries d’objets rangés par site.
En faisant dialoguer espaces, objets et nature, le musée porte, lors de sa construction, une image particulièrement moderne de la Préhistoire et des musées. Il bénéficie de l’appellation « musée de France » pour la valeur de ses collections.
Ce bâtiment est considéré par certains historiens de l’architecture comme l’œuvre la plus aboutie de Roland Simounet. Il offre la démonstration remarquable du courant moderne qui influença durablement la conception architecturale de la seconde moitié du 20ème siècle. À ce titre, il est inscrit à l’ Inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 2002. Le ministère de la Culture et de la Communication lui a également décerné le label "Patrimoine du 20ème siècle". Il est la première réalisation architecturale de Seine-et-Marne à avoir reçu cette distinction.
Le musée est également une illustration du changement qui s’est amorcé, dans les années 70, dans le paysage des musées français : du fait de l’action de l’État en région, grâce aux Directions régionales des affaires culturelles (DRAC) fraîchement créées, beaucoup de collectivités locales se sont alors lancé dans des rénovations ou des créations d’équipements culturels. Les porteurs de projets ont alors fait appel aux meilleurs architectes pour réaliser des lieux destinés à devenir des vitrines de la culture au niveau local, régional ou national.
Né le 31 août 1927 près d’Alger, Roland Simounet étudie l’architecture à Alger, puis à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Son œuvre, rattachée au courant moderne de l’architecture, est marquée par des préoccupations sociales fortes qui se traduisent notamment par la réalisation de nombreux logements collectifs populaires afin de réduire les habitats insalubres.
Il commence son activité de construction en 1951 et crée sa première agence à Alger en 1952. En 1954 et 1955, il est conseiller pour l’habitat auprès de la ville d’Alger. Il réalise en 1956 la cité du Djenan el-Hasan, véritable prouesse constructive sur un terrain à très forte pente et, en 1960, un important ensemble de 700 logements sociaux à Noisy-le-Grand. Il travaille, à la même époque à la réduction des barrios au Vénézuela.
Il ouvre une agence à Paris en 1963. Il réalise alors de nombreux logements sociaux à Cergy, Evry, Paris et Saint-Denis, ainsi que des établissements scolaires, des locaux universitaires (résidence universitaire de Madagascar à Tananarive) et l’École Nationale Supérieure de Danse de Marseille.
Mais ce sont ses projets de musées qui lui apportent une renommée internationale : le musée de Préhistoire d’Île-de-France, ouvert en 1981, le musée d’art moderne de Villeneuve-d’Ascq (1983), actuel LAM, et la transformation de l’Hôtel Salé en musée Picasso à Paris (1985).
Roland Simounet meurt à Paris le 10 février 1996. Son dernier projet, un immeuble de logements pour la ville de Paris, est achevé deux ans après sa disparition.
Ses travaux sont internationalement reconnus et il a reçu pour cela plusieurs prix prestigieux : le Grand Prix national de l’architecture en 1977, la médaille d’honneur de l’Académie Internationale d’Architecture pour l’ensemble de son œuvre en 1982 et, en 1985, l’Équerre d’argent pour le musée Picasso.