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Le Musée
En 1972, à l’initiative de Michel Brézillon, alors directeur des Antiquités préhistoriques d’Île-de-France, Étienne Dailly, président du Conseil général de Seine-et-Marne de l’époque, fait adopter la création d’un musée de Préhistoire à Nemours par l’assemblée départementale.
Étienne Dailly est aussi un homme de culture : il s’intéresse à l’archéologie et il a rencontré Michel Brézillon sur le terrain à plusieurs reprises. Ce dernier est aussi le principal collaborateur d’André Leroi-Gourhan qui dirige les fouilles du site de Pincevent, sur le territoire de la commune de la Grande-Paroisse, près de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne). Il a mis au point une remarquable méthode de moulage des sols préhistoriques après leur décapage par les archéologues et souhaite utiliser ces moulages pour mettre en valeur les résultats des fouilles de Pincevent.
En raison de sa proximité avec le site de Pincevent, la ville de Montereau a été initialement sollicitée pour l’installation d’un musée de Préhistoire, mais n’a pas semblé intéressée. Nemours, ville plus éloignée du site mais qui possède d’importants vestiges préhistoriques, est alors choisie.
La réalisation du musée de Préhistoire d’Île-de-France s’inscrit dans une période faste pour les musées (fin des années 70 et début des années 80). Dans les années 60, le musée était perçu comme une institution élitiste contribuant indirectement à une certaine reproduction des inégalités sociales et culturelles. Puis, sous l’impulsion de l’État, on assiste à un réel renversement de tendance : ouverture des premiers écomusées, création du Centre Georges Pompidou à Paris… Beaucoup de collectivités locales se lancent alors dans d’importantes rénovations ou dans des créations d’équipements muséaux nouveaux. Ce mouvement, basé sur l’idée que le patrimoine et la culture participent au développement du territoire, touche tous les types de musées et va se poursuivre tout au long des années 80.
Le musée de Préhistoire d’Île-de-France occupe une place particulière dans cette histoire car il est alors, hors de Paris, le premier projet de musée pour lequel un bâtiment entièrement neuf est construit.
Les objectifs du futur musée sont fixés par Michel Brézillon : assurer la protection et la conservation des documents archéologiques tirés du sol, les diffuser auprès des publics et constituer une base de travail pour les chercheurs.
Le contexte archéologique régional est celui d’une destruction accélérée des sites archéologiques dont une faible partie seulement peut faire l’objet de fouilles de sauvetage. Dans la région de la Bassée, vaste plaine alluviale de la Seine comprise entre Montereau-Fault-Yonne et Nogent-sur-Seine, on exploite sables et graviers, matériaux dont la demande ne cesse de croître sur le marché, notamment pour la construction des autoroutes. Des fouilles capitales pour la connaissance des sites sont effectuées dès les années soixante par des associations bénévoles. Il faudra attendre qu’apparaissent un certain nombre de dispositions légales et réglementaires pour protéger le patrimoine enfoui dans le sous-sol et faciliter l’intervention des services régionaux de l’archéologie (SRA), qui remplacent les anciennes Directions des Antiquités préhistoriques et historiques.
Loin d’être limitée aux seules fouilles de Pincevent, la programmation du futur musée concerne l’ensemble des sites de la Préhistoire régionale. Elle a été conçue par Michel Brézillon et Jean-Bernard Roy, nommé conservateur du futur musée dès 1974 et qui en assurera la direction jusqu'en 2006.
Le site de Nemours présente de nombreux avantages. Il est proche des massifs de grès stampiens qui ont abrité des peuplements préhistoriques. C’est un parc boisé de six hectares de résineux et de quelques feuillus (essentiellement des chênes) qui ressemble à un ancien biotope de la fin du Paléolithique récent et du début du Mésolithique. L’exemplarité de cet espace naturel de référence va favoriser une réflexion sur le rôle de l’environnement paysager dans la conception même du musée et de son architecture.
Le programme du musée prévoit une visite en deux circuits parallèles, avec un parcours grand public et un parcours plus spécialisé qui fait écho à la galerie d’étude du Musée national des arts et traditions populaires créé par Georges Henri Rivière et ouvert en 1972.
À chacune des quatre grandes étapes chronologiques (Préhistoire ancienne, Préhistoire récente, Néolithique, Âges des métaux) correspondent deux salles et un jardin intérieur avec un choix d’espèces végétales représentant un paysage et un climat possible pour chacune des périodes. Le scénario proposé implique une étroite relation entre cette vitrine du milieu naturel et celles des cultures matérielles dans les salles, avec leurs vitrines murales contenant les objets archéologiques, témoins des activités humaines.
Le programme muséographique rédigé, un concours sur invitation est lancé à l’initiative du Département de Seine-et-Marne - maître d’ouvrage - auprès de onze architectes ou cabinets d’architectes préalablement sélectionnés. C’est Christian Pattyn, alors directeur régional des Affaires culturelles d’Île-de-France, qui suggère que l’architecte Roland Simounet soit invité à concourir. C’est son projet que les élus vont retenir. Les travaux débutent en 1977.
La mise en place des collections s’effectue avec Roland Simounet, qui a conçu le mobilier du musée et toute la muséologie. L’intégration parfaite des vitrines murales à l’architecture renforce l’unité de cette présentation pour laquelle ne sont utilisés que le gris, le blanc et le noir afin de valoriser les couleurs et patines des pièces archéologiques ainsi que l’environnement des patios et du parc entourant le musée. Les grandes et larges baies vitrées, les fenêtres hautes encadrent le paysage comme autant de vitrines, alternant au gré du circuit avec les vitrines contenant les pièces archéologiques.
Le musée est inauguré le 10 janvier 1981.
Suivant l’esprit de Michel Brézillon, son principal initiateur, le musée se doit d’abord d’acquérir, pour les conserver, des collections et leur documentation - des collections anciennes autant que le produit des fouilles récentes, notamment celles de Pincevent menées par André Leroi-Gourhan, dont l’exemplarité a contribué à la création du musée.
Bien qu’ayant le statut de musée départemental, le musée se devait néanmoins de posséder un « périmètre d’acquisition » élargi à la région parisienne et au Bassin parisien, seules entités géographique et géologique susceptibles de rendre compte de notre plus ancien passé.